Dans le « Luxemburger Wort » du 6 avril 2019, nous apprenons que la professeure honoraire Albertine Biermann est décédée le 3 avril 2019 à Luxembourg et que ses cendres reposeront au pied d’un chêne au cimetière forestier de la ville de Luxembourg (Wort 2019).

Albertine dite Tiny Biermann est née le 6 juin 1921 au Limpertsberg (Luxembourg). Ses parents étaient Léon Biermann, âgé de 43 ans, chef de bureau de la direction des douanes, et Louise Wingens, âgée de 31 ans. En mars 1927, Léon Biermann a été nommé inspecteur des douanes à la direction des douanes à partir du 1er avril ; à partir du 1er mai 1927 il a été attaché à la même direction pour les fonctions de contrôleur (Mémorial 1927).

En octobre 1950, Albertine Biermann a passé avec succès l’examen du doctorat en sciences naturelles avec distinction, et par décision ministérielle du 30 octobre 1950, elle a été autorisée à faire sa première année de stage au Lycée de jeunes filles de Luxembourg. Elle a y été nommée professeur en octobre 1954. Elle a aussi enseigné à l’École normale pour enseignants du primaire. De 1960 à 1986, année de sa retraite, elle a été professeure à l’École européenne de Bruxelles (Uccle). (Massard 2015)

Le sujet de sa dissertation scientifique présentée en 1952 a été l’étude des groupements forestiers de la Basse-Sûre ; elle a été publiée dans le Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois paru en 1958 (Biermann 1952,1958, Ries 2003, Massard 2015). Dans sa recherche, Albertine Biermann a été guidée par le professeur Léopold Reichling, le pionnier de la phytosociologie au Luxembourg, qui venait de publier en avril 1951 son étude sur les forêts du Grès de Luxembourg (Reichling 1951), la première publication de ce genre pour le Luxembourg, abstraction faite de l’étude du hollandais J. J. Barkman sur quelques associations épiphytiques de la Petite Suisse luxembourgeoise parue en 1949 (Barkmann 1949).

Albertine Biermann, à l’époque étudiante en pharmacie, a été admise comme membre de la Société des naturalistes luxembourgeois (SNL) en 1946 (Anonyme 1946). Elle a contribué aux notes d’herborisation de Léopold Reichling (Reichling 1953, 1954). En février 1957, elle a fait à la tribune de la SNL un exposé illustré de diapositives en couleurs sur le sujet : « Les associations végétales des pentes calcaires en aval d’Echternach (Promenade des Bénédictins et colline „Held“ près de Rosport » (Anonyme 1959). Elle a servi de guide lors de l’excursion du 16 juin 1957 dans la région d’Echternach et de Berdorf dont le sujet était l’étude des groupements végétaux forestiers de la région en fonction des variations du sol et de l’exposition (Biermann 1959).

Le 29 mai 1951, Tiny Biermann a découvert une touffe de la fougère Asplenium obovatum subsp. billotii sur le versant droit de la Sûre entre Grundhof et Bollendorf, sur un rocher de la corniche du Grès de Luxembourg, une espèce nouvelle pour la flore luxembourgeoise. Cette découverte a été signalée en 1952 par les botanistes belges Anne-Marie et André Lawalrée-Collaris qui ont précisé qu’il s’agissait d’une espèce atlantique et méditerranéenne occidentale dont la station luxembourgeoise était située à la limite de son aire géographique européenne (Lawalrée-Collaris & Lawalrée 1952). Un contrôle de la station en cause effectué en mai 1952 par Léopold Reichling  a révélé la présence d’une demi-douzaine de pieds de la rare fougère. Dans la note y consacrée Reichling fournissait des indications topographiques plus précises sur la station : lieu-dit « Kalekapp », entre Berdorf et Bollendorf (Reichling 1953: 159). Malheureusement, l’espèce ne s’est pas maintenue dans l’unique station connue au Luxembourg et a fini par disparaître (Krippel 2012).

Le 12 octobre 1952, Tiny Biermann a trouvé à l’ouest de Berdorf, un peu au nord de la sortie de la gorge du « Roitzbach », dans la hêtraie, deux touffes d’une fougère difficile à déterminer qui a été notée finalement comme Asplenium cf. onopteris L. Dans sa note y relative, Léopold Reichling a estimé que des observations supplémentaires seraient nécessaires avant de pouvoir porter un jugement définitif au sujet de l’identité de la plante découverte par Tiny Biermann (Reichling 1954). Il s’est finalement avéré qu’il s’agissait d’une forme d’Asplenium adiantum-nigrum à divisions primaires du limbe foliaire effilées (Krippel 2012).

René Dhien (1964) a signalé en 1964 un échantillon de la fougère rare Cyrtomium falcatum (= Polystichum falcatum) récolté par A. Biermann à Brissago (Tessin) et conservé dans l’herbier du Musée d’histoire naturelle de Luxembourg.

Albertine Biermann a été membre de la Société royale de botanique de Belgique à laquelle elle a été admise en novembre 1966 (Anonyme 1967).

Note généalogique

Le père d’Albertine Biermann, Georges Léon Jacques Biermann, est né le 27 décembre 1877 à Beaufort, fils du gendarme Jacques Biermann et de Marie Wagner. Le 3 juin 1902 il s‘est marié à Luxembourg avec Marie Clement, née le 27 juin 1880 à Doncols, fille du douanier Michel Clement et habitant au lieu-dit Sägemühle (commune de Hobscheid). Les témoins du mari étaient son frère Georges, commerçant à Grevenmacher, et son autre frère Jean Pierre, assistant des chemins de fer, Hollerich ; les témoins de la mariée étaient ses frères Jean Pierre, tailleur à Trèves, et Joseph, étudiant, Luxembourg (Luxroots).

Le couple Biermann-Clement eut deux enfants : Marie Léonie née le 1er juin 1903 à Hollerich et décédée le 20 mars 1972 à Luxembourg, puis Georges Camille, né le 13 mai 1905 à Hollerich et décédé le 20 octobre 1988 à Luxembourg (Luxroots). Marie Clement est morte le 23 mai 1905 à Hollerich des suites de complications post partum (Bürger- und Beamten-Zeitung 1905-05-25: 2, Nr. 60 (Chronik aus Hollerich. Sterbefälle).

Veuf seul avec deux enfants en bas âge, Léon Biermann s’est remarié avec Madeleine Caroline Louise Wingens. Le couple a eu trois enfants : Henri, né le 20 août 1909 à Luxembourg et y décédé le 1er novembre 1994 (Etat civil Luxembourg 1909, Naissances, N° 332), puis, Madeleine, née le 5 janvier 1912 à Luxembourg et y décédée le 5 mai 1999 (Etat civil Luxembourg 1912, Naissances, N° 10), et enfin Albertine, née en 1921.

Références

  1. Anonyme (1946): Nouveaux membres admis en 1946. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 51 (1940/46): 53.
  2. Anonyme (1959): Séance du 11 février 1957. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 62 (1957): 94.
  3. Anonyme (1967): Séance ordinaire du 5 novembre 1966 (section II). Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique 100 (2) (1967): 397-399.
  4. Barkman, J.J. (1949): Notes sur quelques associations épiphytiques de la Petite Suisse Luxembourgeoise. Archives de l’Institut grand-ducal de Luxembourg, Section des sciences naturelles, physiques et mathématiques N.S18 (1948-1949): 79-94.
  5. Biermann, Albertine (1952): Les groupements forestiers de la Basse-Sûre. Dissertation scientifique, Luxembourg, (5 p.), 80 p., hors-texte: carte dépl., tabl. dépl. [Archives nationales de Luxembourg, cote IP-1957].
  6. Biermann, Albertine (1958): Les groupements forestiers de la Basse-Sûre. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 61 (1956): 124-198, 11 figs., 2 cartes h.-t., 12 tab. phytosoc.
  7. Biermann, Albertine (1959): Groupements végétaux forestiers de la région d’Echternach, en fonction des variations du sol et de l’exposition. Excursion du 16 juin 1957, de Michelshof par la “Haardt” à Echternach; d’Echternach par “Wolfsschlucht”, “Aesbaach” et “Halsbaach” à Berdorf. Guide: Albertine Biermann. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 62 (1957): 110-112.
  8. Krippel, Yves (2012): Les Ptéridophytes du Grand-Duché de Luxembourg: un aperçu historique. In: Boudrie, M., M. Hoff, P. Holveck & S. Muller: Les Fougères d’Alsace, d’Europe et du Monde. Actes du Colloque en hommage à Claude Jérôme (1937-2008). Bulletin de liaison de la Société Botanique d’Alsace, Numéro spécial n°1 (2012): 95-105.
  9. Lawalrée-Colaris, Anne-Marie & Lawalrée, André  (1952): Du nouveau sur les Ptéridophytes du Grand-Duché de Luxembourg. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 56 (1951): 60-66.
  10. Dhien, René (1964): Cyrtomium falcatum en France. Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon 33 (8): 307-309.
  11. Massard, Jos. A. (2015): La Société des naturalistes luxembourgeois de 1890 à 2015. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 116 (2015): 5-302 [A. Biermann : 139].
  12. Mémorial (1927): Arrêté grand-ducal du 28 mars 1928, Mémorial 1927, N° 17: 265. — Arrêté grand-ducal du 16 avril 1927, Mémorial 1927, N° 22: 365.
  13. Reichling, Léopold (1951): Les forêts du Grès de Luxembourg. Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique 83 (2): 163-212.
  14. Reichling, Léopold (1953): Herborisations faites dans le Grand-Duché de Luxembourg en 1952. Notes réunies par L. Reichling. Contributions de Melles C. Apel, A. Biermann, L. Konter, MM. J. Bausch, E. Beck, M. Etringer, R. Faber, E. Gillen, H. Hoffmann, J.Jacoby, F. Jungblut, M. Koedinger, Fr. L. Lefort, L. Reichling, G. Rischard, E. Schmit, H. Schmit, A. Steinmetzer, R. Stumper et N. Thill. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 57 (1952): 155-182.
  15. Reichling, Léopold (1954): Herborisations faites dans le Grand-Duché de Luxembourg en 1953. Notes réunies et commentées par L. Reichling. Contributions de Melle T. Biermann, MM. V. d’Ansembourg, E. Beck, J. Berchem, E. Blondelot, M. Coûteaux, J. Deitz, M. Etringer, E. Faber, L. Faber, R. Faber, E. Gillen, M. Heuertz, M. Hulten, F. Jungblut, M. Koedinger, A. Lawalrée, Fr. L. Lefort, L’Abbé Legrain, P. Merker, F. Nicolay, L. Reichling, G. Rischard, E. Schmit, H. Schmit, M. Schmitz, A. et V. Schoetter, A. Steinmetzer, H. Sterges, R. Stumper et N. Thill, de Waha et F. Weissen. Bulletin de la Société des naturalistes luxembourgeois 58 (1953): 76-134.
  16. Ries, Christian (2003): Pflanzensoziologie in Luxemburg. Vorläufiger Überblick. Musée national d’histoire naturelle, Luxemburg, 72 p. [unveröffentlicht] [A. Biermann: 30, 39].
  17. Ville de Luxembourg, Registre des naissances 1921, N° 232.
  18. Wort, Luxemburger (2019): Avis mortuaires. Luxemburger Wort 2019-04-06: 107.